Tout comme la qualité de l’air qui a tendance à varier selon notre situation géographique, les normes de qualité de l’air peuvent aussi parfois diverger. En effet sur un même territoire, selon la source d’information, il peut exister des indices de la qualité de l’air différents.
Une multiplicité d’information qu’on pourrait penser bénéfique pour mieux comprendre un sujet aussi complexe que la qualité de l’air, mais qui amène parfois aussi à beaucoup d’incompréhensions.
On vous propose de répondre à vos interrogations et ainsi faire un tour non exhaustif des indices existant à travers le monde pour mieux comprendre d’où viennent de telles différences et quelles sont les normes réglementaires adoptées dans différents pays.
Qu’est-ce qu’une norme en matière de qualité de l’air ?
Une norme de qualité de l'air ambiant est simplement une limite quantitative d'un polluant dans l'air. Ces normes sont généralement inscrites dans la législation européenne (En savoir + sur les normes européennes), nationale (En savoir + sur les normes françaises) voir fédérale et sont juridiquement contraignantes.
Les normes ont été conçues et calculées pour protéger notre santé, et notamment celles des personnes dites sensibles comme les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de pathologies chroniques.
Il existe des normes pour évaluer l’exposition chronique (moyenne annuelle, nombre de dépassements par an de certaines valeurs) et d’autres normes pour évaluer l’exposition aigue (seuil d’information et d’alerte) Pics de pollution versus pollution de fond : quels impacts ?
Qu’est-ce qu’un indice de la qualité de l’air ?
Les différents indices existants permettent de synthétiser l’état de la qualité de l‘air par rapport à ces différentes normes sous la forme d’une valeur unique. L’indice de qualité de l'air remplit principalement trois fonctions :
• Évaluation de la qualité de l'air,
• Aide à la décision (état, collectivités),
• Communication vis-à-vis du grand public.
La plupart des indices s’intéressent aux polluants problématiques vis-à-vis de la santé pour lesquels il existe des seuils réglementaires ou sanitaires : l'ozone, les particules (PM10 et PM2.5), le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote et parfois d’autres composés le monoxyde de carbone, le plomb et les COV*. Bien que les pays aient à quelques exceptions près une réglementation portant sur les mêmes types de polluants atmosphériques, les indices sont eux parfois différents du fait des modes de calculs ou des échelles pris en compte.
*Réaliser un inventaire des émissions consiste à recenser la nature et la quantité des polluants atmosphériques émis par différentes sources en fonction de leur localisation. Lorsque les émissions sont réparties géographiquement, on parle généralement de cadastre des émissions.
Peut-on comparer les indices entre eux ?
Comme on va le voir il n’y a ni concurrence, ni complémentarité entre différents indices.
En effet, il existe plusieurs méthodes de calculs dont le choix reste propre à chaque pays. Voici les principales différences qu’on peut retrouver dans les indices :
Les 5 différences majeures entre les indices de la qualité de l'air
Par exemple prenons l’indice ATMO versus les autres indices, les principales différences qu’on peut retrouver sont : - les seuils choisis pour regrouper des classes de concentrations et définir les échelles - la prise en compte ou non des PM2.5, voire d'autres polluants (benzène, monoxyde de carbone,...) dans l’indice - la typologie des stations (fond urbain ou proximité trafic)- ou encore le mode de calcul de l’indice.
De nombreux autres seuils non réglementaires.
L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande des niveaux d'exposition (concentrations et durées) au-dessous desquels il n'a pas été observé d'effets nuisibles sur la santé humaine ou sur la végétation. Ils ne sont pas réglementaires, et n’ont donc aucune valeur contraignante pour les Etats. L’Union Européenne a toutefois suivi ces recommandations pour fixer ses propres normes. L’organisation recommande la limite annuelle de 10 µg/m³ en particules fines PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 micromètres). Plus d’info sur les principales valeurs de l’indice.
Pour mobiliser les villes et les individus à protéger leurs santé, l'OMS et l'ONU lancent le programme Breathelife. Il s’agit d’une campagne de sensibilisation qui affiche la concentration moyenne annuelle pour les PM2,5 dans 4 000 villes du monde sur leur site breathelife2030. Pour les villes françaises, ces données proviennent des AASQA et concernent la période 2008-2016 (données mesurées aux stations issues du rapportage européen). On note dans cet outil, qui fait état du niveau des particules fines PM 2.5 versus le niveau de référence de l’OMS, qu’il n’y a pas de traitement particulier vis-à-vis de la typologie des stations. Les résultats des stations de fonds (urbaine, périurbaine, rurale régionale, rurale nationale) sont mélangés avec les stations de proximité (trafic, industrielle).
De nombreuses sociétés privées ou structures indépendantes s’intéressent aussi de plus en plus à la qualité de l’air car c’est un sujet qui préoccupe grandement les citoyens (2ème problématique considérée comme la plus préoccupante après le réchauffement climatique selon un sondage de l’ADEME). Du fait de l’ouverture des données elles ont accès notamment à des mesures produites par les Associations de la qualité de l’air (AAQSA), mais elles peuvent et utilisent parfois des modèles de calculs différents pour produire de nouveaux indices qui leur semblent peut-être plus pertinents mais qui sont difficilement comparables avec les autres indices existants, notamment officiels comme l'indice Atmo.
Les indices vont-ils évoluer vers une harmonisation mondiale ?
Comme on l’a vu il existe une grande variété d’indices : polluants pris en compte, seuils, nombre de classes, échelle de temps différentes, voir même des échelles couleurs qui varient (différence que nous n’avons pas abordé dans cet article).
Chaque gouvernement établit ses propres indices de la qualité de l'air. En conséquence, il n’existe pas de norme internationale de qualité de l’air permettant aux pays de mesurer leurs performances et d’aborder le sujet de manière collaborative.
Les entreprises internationales soumises aux réglementations sur la qualité de l’air doivent s'intéresser à la réglementation en vigueur dans chacun des pays où elles sont implantées, cela implique forcement des coûts de mise en conformité. Bien que l’OMS fournisse une liste de recommandations pour de nombreux polluants, il ne s’agit pas de normes juridiquement contraignantes. La qualité de l'air est une question environnementale et sanitaire d'une importance croissante dans le monde, comme en témoignent de nombreux épisodes récents. Un indice commun pour simplifier la collaboration internationale serait sans doute nécessaire, mais comme on l’a vu on en est loin pour le moment. Cependant il est important de noter qu’il existe de nombreuses collaborations entre les différents pays pour améliorer la qualité de l’air, notamment entre les pays frontaliers. Par exemple Atmo Auvergne-Rhône-Alpes travaille depuis plusieurs années avec la Suisse et l’Italie sur des projets communs (Pact’air, Climaera) et vient d’entamer un nouveau projet BBclean en collaboration avec pas moins de 5 pays européens.
Tour du monde de la qualité de l'air - Indices réglementaires
Crédits : Tour du monde de la QA créée à partir de l'infographie de pikisuperstar - fr.freepik.com