L’énergie bois est une ressource renouvelable, neutre en termes d’émission de CO2. Son utilisation constitue ainsi un levier pour atteindre les objectifs fixés par la Loi sur la Transition Energétique du 17 août 2015 qui prévoit de porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie à horizon 2030. Cependant, le chauffage individuel au bois contribue significativement à la pollution de l’air.
Sommaire :
Le chauffage au bois : une source majeure d’émissions de particules fines dans la région.
Un parc d’appareils de chauffage au bois diversifié.
Quels leviers d’action pour réduire les émissions dues au chauffage au bois ?
En Auvergne-Rhône-Alpes en 2015, il est le contributeur majoritaire aux émissions de particules, de benzo(a)pyrène et de monoxyde de carbone (Source : Cadastre des émissions Atmo Auvergne-Rhône-Alpes Version 2017). L’énergie bois présente de ce fait un antagonisme intrinsèque entre les problématiques de qualité de l’air et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une vigilance particulière doit donc être apportée au développement de l’utilisation du chauffage au bois afin de limiter les émissions de polluants atmosphériques.
La France fait l’objet d’un contentieux avec l’Union Européenne pour non-respect des valeurs réglementaires concernant les particules fines et insuffisance de l’application des plans relatifs à l’amélioration de la qualité de l’air.
La région Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions les plus utilisatrice d’énergie bois en France, la réduction des émissions du combustible bois s’impose comme un enjeu réglementaire et de santé publique. Il est plus qu’ailleurs nécessaire d’encadrer et d’accompagner le développement de cette énergie par un renouvellement accéléré du parc d’appareils individuels peu performants.
Atmo Auvergne-Rhône-Alpes vous propose des éléments indispensables à la compréhension des enjeux du chauffage au bois pour l’amélioration de la qualité de l’air.
Le chauffage au bois: une source majeure d'émission de particules fines dans la région
Les seuils réglementaires de qualité de l’air concernant les particules en suspension sont dépassés de manière récurrente sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ces particules ont un impact avéré sur la santé respiratoire, cardiovasculaire et augmentent le risque de développer un cancer du poumon.
Le chauffage résidentiel, notamment au bois, est généralement l’émetteur principal de particules fines en suspension et arrive largement en tête devant l’industrie, le transport et l’agriculture. Le secteur de l’habitat constitue donc un enjeu prioritaire dans la diminution des consommations et émissions liées au chauffage.
A l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en 2015, le chauffage résidentiel au bois est le principal contributeur aux émissions de particules fines (45 % des PM10 et près de 60 % des PM2.5), et représente près de 2/3 des émissions de benzo(a)pyrène et de monoxyde de carbone (Source : cadastre des émissions Atmo -Auvergne-Rhône-Alpes Version 2017).
Les activités de chauffage étant concentrées sur la période hivernale, la part de ces émissions augmente largement en hiver et tout particulièrement les jours de grand froid.
Ainsi en Auvergne-Rhône-Alpes, la contribution du chauffage au bois dans les émissions de PM10 passe de 45 % sur l’année complète à plus de 60 % sur un semestre de chauffage et jusqu’à près de 75 % un jour de grand froid, c’est-à-dire une journée ayant une température moyenne de 0°C.
Ce sont ces émissions qui, combinées à des situations météorologiques peu propices à une bonne dispersion des polluants en hiver, peuvent être à l’origine de pic de pollution par les particules fines.
Les émissions dues au chauffage en bois ont été plus soutenues en 2010, 2013 et en 2015, années où les hivers ont été plus rigoureux.
Des émissions plus importantes en zones périurbaines et rurales
Les émissions dues au chauffage au bois s’accentuent dans les zones rurales d’altitude et dans les zones périurbaines ou de plus forte rigueur climatique (Haute-Savoie, Ardèche, Cantal, Haute-Loire) car le mix énergétique des logements comporte en général davantage de bois et le chauffage nécessite un apport énergétique supérieur aux zones de plaines.
A l’inverse, les émissions dues au chauffage au bois sont ainsi plus modérées dans l’hyper centre des agglomérations (Métropole de Lyon, Valence, Clermont-Ferrand) qui comportent moins de logements individuels et d’équipements de chauffage au bois, et dans le sud-est de la région qui bénéficie d’un climat plus doux (département de la Drôme).
En effet, une part plus ou moins importante des rejets de la combustion (CO2, particules fines, NOx, COVNM …) se retrouvent dans l’air intérieur des logements. Les quantités varient selon la qualité de l’appareil et du combustible et leur concentration dans l’air intérieur fluctue selon la qualité de la ventilation du logement.
Un parc d'appareils de chauffage au bois diversifié
Etat du parc d'appareil de chauffage résidentiel dans la région et sa contribution aux émissions de particules
Le parc d’appareil de chauffage au bois est constitué de deux types de matériel :
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Les appareils dits « indépendants » (foyers ouverts ou fermés/inserts, poêles, cuisinières) produisent de la chaleur pour le chauffage du logement et parfois pour la cuisson. Ils transmettent la chaleur par convection, par rayonnement ou par une combinaison des deux mécanismes.
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Les chaudières domestiques, couplées à un système de chauffage central, permettent de chauffer le logement et produisent l’eau chaude sanitaire (ECS).
Dans la région, les poêles et les foyers fermés sont les plus nombreux (graphique a), mais la contribution de chaque type d’appareil aux émissions de particules dépend plus précisément de sa performance et de son ancienneté comme le montre le graphique b.
Cette enquête est en cours d’exploitation et permettra d’affiner et d’actualiser les connaissances sur les équipement et usage du chauffage au bois.
Par conséquent, le parc de chauffage au bois et la contribution des différents types d’appareils présentés ici est susceptible d’être mis à jour en 2018 avec des changements potentiellement importants.
Les performances des appareils dépendent aussi des conditions de combustions
Les rendements des appareils de chauffage au bois dépendent des conditions de combustion c’est-à-dire de l’installation en elle-même (performances de l’appareil, dimensionnement, installation…), de la qualité du combustible (taux d’humidité du bois, essences…), de l’utilisation (ramonage régulier, allumage par le haut, gestion des entrées d’air…).
Les études récentes de l’ADEME montrent que les émissions de particules peuvent être plus sensibles aux usages et au combustible qu’au type d’appareil.
Ainsi l’utilisation d’un combustible de qualité a également pour intérêt d’optimiser l’efficacité énergétique des installations (réduction des consommations) et d’augmenter la durabilité des équipements (notamment des conduits de fumée). Il permet d’envisager d’agir sur tous les générateurs, que ce soit sur le parc existant ou sur les appareils récents.
Quels leviers d'action pour réduire les émissions dues au chauffage au bois?
Afin de réduire les émissions de particules fines issues du chauffage au bois, plusieurs axes d’action peuvent être considérés :
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l’amélioration des performances thermiques des bâtiments,
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le renouvellement des appareils individuels anciens ou non performants,
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la maîtrise des conditions d’utilisation du chauffage au bois individuel,
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le renforcement du contrôle des émissions des chaufferies bois collectives afin de ne pas dégrader une situation déjà fragile.
Diverses actions dans ce domaine sont prévues par les Plans de Prévention de l’Atmosphère (PPA).
Les Fonds Air-bois en Auvergne-Rhône-Alpes
Les fonds Air Bois proposent, sur certains territoires, une aide financière aux particuliers souhaitant renouveler leur appareil de chauffage individuel au bois performant. Cet appui financier est cumulable avec d’autres avantages tels que le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) et l’éco-prêt à taux zéro. Les Fonds Air Bois sont généralement un des volets d’une démarche globale concernant la lutte contre la pollution liée au chauffage au bois non performant. Elle peut inclure des campagnes de communication et des ateliers « bonnes pratiques » à destination du grand public, l’animation d’un club des professionnels du chauffage au bois etc.
En Auvergne-Rhône-Alpes, sept opérations de renouvellement du parc ancien des appareils de chauffage individuel au bois peu performant ont été mis en place par les collectivités et soutenus par l’ADEME.
Territoire concerné |
Période |
Financement du fond |
Conditions |
Montant de l'aide (au 01/11/2017) |
Plan de Protection de l’Atmosphère de la Vallée de l'Arve |
2012 à 2017 Prolongation jusque fin 2021 |
ADEME, Région, Département, Communautés de communes, communes |
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2000€ dans la limite de 50% du coût total des travaux (achat matériel et pose) |
Communauté de communes du Pays Voironnais |
2013-2021 |
Communauté de communes du Pays Voironnais, ADEME |
600€ (pour tous) à 1000€ (sous conditions de revenus) |
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Grenoble Alpes Métropole |
Novembre 2015 à 2021 |
Grenoble Alpes Métropole, ADEME |
1000 € + 400 € (sous conditions de revenus) |
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Communauté de Communes du Grésivaudan |
Novembre 2015 à 2021 |
Communauté de Communes du Grésivaudan, ADEME |
1600€ majoré à 2000 € (sous conditions de revenus) |
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Annemasse Agglomération |
2017 à 2021 |
ADEME, Région, Département, Agglomération |
1000€ dans la limite de 50% du coût total des travaux (achat matériel et pose) |
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Métropole de Lyon |
Octobre 2017 à 2021 |
Métropole de Lyon, ADEME |
1000 à 2000 € selon les revenus du ménage |
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Grand Annecy |
2018-2022 |
ADEME, Région, Département, Agglomération |
Non défini |
L'encadrement nécessaire des chaufferies bois collective
Les émissions dues aux chaufferies collectives au bois représentent une faible part des émissions de particules fines mais leur nombre est en augmentation. Il est nécessaire d’encadrer le développement de ces chaufferies.
Le Fond Chaleur Renouvelable
Créé en décembre 2008, le Fonds Chaleur a été mis en place afin de soutenir la production de chaleur à partir de sources renouvelables (biomasse, géothermie, solaire thermique, énergies de récupération ou réseau de chaleur associés). Ce dispositif, géré et financé en partie par l’ADEME, permet de remplacer des chaufferies utilisant du combustible fossile et de développer l’installation de nouveaux équipements et de contribuer à l’objectif fixé par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte.
Entre 2009 et 2016, 778 chaufferies biomasse collectives ou industrielles ont été soutenues par le Fond Chaleur Renouvelable en France.
Atmo Auvergne-Rhône-Alpes accompagne les collectivités territoriales dans la mise en place, le suivi et l’évaluation en termes de qualité de l’air des Fonds Air Bois.