Retour sur le phénomène des poussières sahariennes

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Vu satellite du nuage de sable et de la dépression

Publié le 30 mars 2024 - Mis à jour le

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Les 29 et 30 mars derniers, le désert du Sahara est presque venu nous rendre visite. Les effets de la tempête Nelson ont eu pour conséquence l’installation d’un système dépressionnaire qui a favorisé le transport des sables de l’Afrique du Nord vers l’Europe. Le rôle du vent a été inversé, et de ce fait a servi de moyen de déplacement aux poussières plutôt que de les disperser.

Cela a entraîné une atmosphère lourde et orangée accompagnée d'un ciel brumeux. Ce transport sur de longues distances se fait généralement à une altitude relativement élevée, sans danger pour la santé.

Cependant, durant ce week-end, une partie des particules transportées en altitude est retombée sur notre région. Par conséquent, les taux de particules PM10 mesurés ont été relativement élevés par rapport à la normale. 9 départements ont été signalés (Ain, Ardèche, Drôme, Haute-Loire, Isère, Loire, Rhône, Savoie et Haute-Savoie) avec des concentrations au-dessus du seuil réglementaire. La population a été fortement exposée à des concentrations très élevées de poussières, 53 % des habitants de la région le vendredi et 70 % des habitants le samedi.

Il n’a pas été recensé de record absolu, mais ces journées ont constitué un record de dépassements simultanés.

Attention, il est possible qu’un nouvel épisode dû aux particules sahariennes apparaisse le week-end prochain, ou en tout début de semaine, compte-tenu des fortes rafales de vent et de la chaleur exceptionnellement douce.

Episode exceptionnel de particules désertiques

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Actualité publiée le dimanche 31 mars

Comme prévu, l’épisode de poussières désertiques touche à sa fin en région Auvergne-Rhône-Alpes. Les concentrations ont chuté hier au cours de la journée et ce matin seul le bassin Lémanique observe encore des concentrations un peu au-dessus de la normale compte tenu de l'évacuation du nuage vers le Nord-Est de la région.

Des records ont certainement été battus ce vendredi 29 mars sur plusieurs stations, depuis le début des mesures dans notre région. L’évolution horaire des concentrations en PM10 sur différents centres urbains de la région ci-dessous rend compte de la forte intensité du phénomène :

PM10 horaire

Une vision plus large échelle, issue des prévisions DUST du centre régional de Barcelone, permet également de se rendre compte de l'ampleur du panache de sable traversant le sud-est de la France :

DUST mars 2024

L’épisode est donc terminé ce dimanche, les enfants peuvent gambader à la recherche des œufs de Pâques 😉.

 

 

News publiée le samedi 30 mars

De nombreux habitants de la région l'ont observé, cet épisode de pollution particulaire est dû à un fort système dépressionnaire venant d'Afrique du Nord important de grandes quantités de sables sur une partie de l’Europe.

Les poussières de sable, parfois de couleur orange ou marron qui se déposent en ce moment sur les surfaces ou colorent les eaux de pluie, sont complètement liées à ce phénomène, ainsi que le ciel particulièrement laiteux observé un peu partout en région.

Des images comme celles de la webcam de Bastille à Grenoble ou Chamrousse montrent le changement radical de visibilité à deux heure d'intervalle en cours de journée de vendredi 29 mars.

Grenoble, le 29 mars matin : https://www.skaping.com/grenoble/bastille?archives=MTcxMTcwMDQ2MA-YQ&zo…, puis le 29 mars en cours d'après-midi avec l'arrivée de masses d'air chargées : https://www.skaping.com/grenoble/bastille?archives=MTcxMTcwMDQ2MA-YQ&zo…

Le même phénomène observé en altitude à Chamrousse : 

Chamrousse

De nombreux dépassements des seuils d'information et d'alerte en particules PM10 (de taille inférieure à 10 micromètres) ont donc été constatés sur la journée de vendredi 29 mars. Ce samedi 30 mars, les niveaux restent très élevés sur une grande partie de la région, notamment à l’Est. L'épisode touche également toute la région Sud et la Corse.

Villard de Lans

Le dépôt de poussières désertique observable sur les pistes de Villard de Lans (38).

Les cartes régionales de concentration ci-après indiquent l'ampleur de changement entre le 29 et le 30 mars (cliquer pour agrandir).

Carte régionale des particules PM10 de jeudi 29 mars 23
Carte régionale des particules PM10 de jeudi 30 mars 23

Pour rendre compte de l’ampleur tout à fait exceptionnel du phénomène. Toutes les courbes sont consultables en direct sur notre site web : Mesures aux stations | Atmo Auvergne-Rhône-Alpes (atmo-auvergnerhonealpes.fr).

 

En certains points du territoire (Isère, Savoie, Haute-Savoie), les taux de PM10 se sont élevées à près de 120 µg/m3 en moyenne sur 24h, dépassant ainsi de 50% le seuil d'alerte à 80 µg/m3. En pointe horaire, les niveaux se sont rapprochées de 400 µg/m3 comme l'indique la courbe des mesures en Isère ci-dessous : 

Bassin grenoblois

La part des particules désertiques provenant de cet épisode dans les concentrations respirées par la population est d'environ 80% ce samedi.  Vis-à-vis de l'effet sur la santé et du niveau très élevé de particule, la population, notamment les personnes sensibles ou fragiles, pourrait ressentir une gêne voire une irritation des voies respiratoires.

Malgré cet effet irritatif, voire inflammatoire, les particules désertiques sont cependant considérées comme moins dangereuses sur la santé que celles produites par le chauffage au bois ou le trafic routier. Cet effet sanitaire peut être estimé par un indicateur appelé "potentiel oxydant", et ce dernier est plus faible pour les particules de sable. Atmo AuRA travaille sur cet indicateur avec l'Institut de Géophysique de l'Environnement de l'université de Grenoble Alpes, partenaire de longue date et expert dans le domaine de la chimie des particules.

Le retour à la normale est prévu dès demain dimanche.